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Sport, Gourou, Triche…Version philosophique…

club course a pied

Le champion d’aujourd’hui fait rêver tant par sa magie que par ses excès. Autour de lui, c’est toute une équipe (entraîneurs, staff médical…) qui s’organise, souvent avec des attentes très fortes, pour assurer la carrière du sportif. Quelles relations « d’amour » ce sportif peut-il nouer avec une équipe qui le veut performant avant tout ? Si chacun n’est motivé que par son image, comment peut-il préserver son équilibre et surtout quel sens donne-t-il à son « identité » ?

Dans l’espace égocentré, qualitatif et non mesurable de leur vie, les sportifs ont besoin d’aide. Ils sont alors très vulnérables aux phénomènes de fascination et tombent facilement sous l’emprise d’un gourou. De toutes provenances professionnelles (directeurs techniques, entraîneurs, responsable de la Performance, soigneurs, préparateurs physiques, mentaux, diététiciens…), ils se proclament détenteurs d’un message, d’une méthode qui entretient souvent un rapport au secret, au mystère et à l’ésotérique. Les gourous construisent ainsi une impression de toute-puissance qui amène les sportifs à la confiance absolue, répondant chez eux à un besoin d’éviter la confrontation à l’altérité, de réduire les autres à une projection d’eux-mêmes.

Les sportifs de haut niveau sont particulièrement vulnérables à l’emprise d’un gourou dans toutes les périodes de stress, de transition de leur carrière. En cas de victoire, par exemple : en haut d’un piédestal, on est seul et cela fait peur. Beaucoup de sportifs resteront d’éternels seconds tout simplement parce qu’ils anticipent bien ce qu’ils veulent éviter de vivre : la solitude extrême et totale du haut du podium. Le reste de leur personne, l’investissement social, professionnel et affectif, disparaîtrait dans cet instant traumatique de leur objectif réalisé. La demande de référence magique et de relation de sécurité est donc très puissante chez tous les sportifs de haut niveau. Tous les entraîneurs, préparateurs mentaux, agents ou encore médecins doivent en être conscients, afin de ne pas céder à cette sollicitation. Les sportifs étant des proies faciles à manipuler, ce n’est pas à l’honneur de ceux qui y consentent. Seule la non-appartenance sectaire, la conscience professionnelle et la déontologie de chacun peuvent garantir le maintien d’une distance suffisante pour que le sportif construise son autonomie, tout en en obtenant une préparation efficace.

Une société n’est pas tricheuse, elle est corrompue. Seuls les individus peuvent être tricheurs

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Le tricheur confond l’enjeu avec le processus de la plus-value, il détruit l’enchantement duel du jeu par l’irruption d’une détermination et d’un intérêt individuels. Le plus souvent, la tricherie est directement liée à la pondération financière de la récompense. A moins de considérer le sportif comme une machine à performer : le productivisme dominant constitue le moteur de l’évolution du sport vers des résultats programmés. Peu importent les moyens. Certains sportifs auront recours à des produits dopants même s’ils doivent y laisser leur santé. Ce contresens est la première tricherie…

Ce qui est une passion pour les sportifs peut être pour d’autres un enjeu économique, voire un objet de spéculation. L’attitude des sportifs évolue grandement selon les investissements qu’ils ont réalisés dans leur sport.

Sans argent, pas de tricherie ? L’individu deviendrait argent ? Ne serait-ce finalement pas une constatation illustrant la fascination qu’exerce sur les sportifs la perversion de la toute-puissance humaine dans la masse financière qu’ils représentent ?

Le sportif en vient à avoir une vision pervertie de son rapport au sport et à son corps. La tricherie trahie une mauvaise représentation de soi par rapport au sport, une confusion entre le Moi naturel et le Moi sportif performant qui rend évidente la conduite de dopage.

Indépendamment de l’argent, la tricherie se retrouve au niveau individuel dans certains mécanismes psychologiques, la conduite dopante en particulier. Maitre et arbitre de son propre jeu, le tricheur est autonome : il a trouvé sa propre loi contre le rituel arbitraire de la règle (et des autres) et c’est ce qui le disqualifie. Le profit peut n’être qu’un alibi : le sportif tricherait pour échapper à sa peur d’être séduit.

C’est qu’ainsi qu’une des meilleures préventions à la tricherie est le renforcement du libre arbitre et de l’appréciation de soi-même par l’EDUCATION.

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