C’est la question que tout le monde se pose. Comment pardonner les blessures vécues dans son enfance, dans son couple ou dans son travail ?
Cette question ne se pose pas de la même façon quand la blessure est superficielle, quand l’offense est légère, que si la blessure a été profonde émotionnellement. Dans le premier cas, on passe l’éponge, on passe à autre chose, on excuse l’autre et on n’y pense plus.
Mais si l’on se retrouve dans le 2ème cas, est-il possible de pardonner, par exemple, à un parent qui a manqué à son devoir le plus élémentaire ou à quelqu’un qui intentionnellement a voulu nous faire du mal, nous détruire ou nous humilier par pure méchanceté ?
Pardonner n’est ni oublier, ni effacer, ni excuser. C’est une manière, pour soi-même, de s’élever, d’avancer, de se (re)construire et d’avoir une meilleure image de soi-même (générosité, estime de soi…).
Pardonner c’est ne pas se venger ou faire preuve de rancune. La vengeance est un plat qui se mange froid, elle peut nous hanter longtemps, nous retirer notre joie de vivre et nous rendre triste.
L’oubli est une œuvre du temps, une passivité alors que le pardon est une décision une (bonne) action. Coluche a d’ailleurs dit « J’ai pardonné à tous ceux qui m’ont offensé mai j’ai la liste ». Le pardon n’empêche pas la mémoire, c’est un « malgré que » : Malgré ta faute, je te pardonne mais je n’oublie pas le mal que tu m’as fait.
C’est cette différence entre l’oubli et le pardon qui permet de distinguer les grandes blessures des petites. En effet, on pourrait oublier ce qui ne nous a pas profondément touché, on passe rapidement à autre chose, mais il faut un véritable engagement pour pardonner quand la peine a été immense.
Sommes-nous assez magnanimes pour le faire ?
Certaines choses peuvent nous aider à aller vers le pardon. Peut-être faut-il d’abord que l’autre fasse le premier pas en me demandant pardon et dans cas j’en ferai un vers lui…
Il est important de faire la distinction entre ma colère légitime, saine, de ma haine qui, elle, est malsaine et risque de se retourner contre moi. La haine est une morsure froide qui peut me consumer une vie entière…
Pour pardonner, il faut attendre que cette colère, respectable, que je ressens, s’estompe car un pardon accordé trop vite risque ne pas être un bon pardon, un pardon non fait de bon gré. Il faut savoir trouver le bon moment, ce que les Grecs appelaient le « Kairos » (le bon acte au bon moment).
Pardonner c’est aussi faire preuve de gratitude, en sortant de cette logique du donnant-donnant et et de cette notion de proportionnalité : je pardonne mieux que celui qui m’a offensé, comme quand on dit un Grand MERCI pour un petit cadeau par exemple.
Il y a un temps pour tout, la haine, la colère, la rancune et le pardon… Et il se pourrait qu’un jour mon pardon me soit aussi crédité, que moi-aussi je me fasse pardonner par une personne que j’aurais offensée !
Même sans croire en Dieu, nous pouvons voir dans le pardon une certaine forme de grâce, cette envie d’aller de l’avant sans ressasser sans cesse et en renonçant à la haine et à la rancune.
C’est en travaillant sur le ressenti de nos émotions, sur la prise en compte de nos affects qui nous libèrent, que nous trouverons cette force de pardonner.
Remémorez-vous une situation où une personne vous a fait du mal, vous a blessé et vous lui en voulez légitimement. Observez alors ce qui se manifeste comme émotions à l’intérieur de vous. Vous sentez-vous bien ou éprouvez-vous de la colère, de la rancune et une sensation de légère oppression ?
Vous avez alors 2 options pour faire face à cette situation :
La vengeance. Imaginez que vous vous vengez, imaginez-vous entrain d’agir en faisant à votre tour du mal à l’autre. Alors maintenant, qu’est-ce que cela vous procure ? Sentez-vous mieux ? Et la personne en face de vous comment a-t-elle réagi ?
Le pardon. Imaginez que vous laissez passer un peu de temps, que l’autre vous demande pardon et que vous l’acceptez. Alors vos sensations, émotions sont-elles différentes par rapport au 1er cas ? Si oui, par quoi ont-elles été remplacées ?
En conclusion, voyez dans le pardon une façon de vous faire du bien, de renforcer l’image que vous avez de vous-même, votre confiance en vous et surtout de faire preuve de gratitude.